Duffet Thibaud

« Dé-fétichiser la peinture en faisant apparaitre ses conditions matérielles de production. Pour Thibaud Duffet, cela passe par l’utilisation de tissus glanés, tels que des torchons, des mouchoirs et des draps fixés sur des châssis, mais aussi par la représentation de marqueurs sociaux comme des papiers peints industriels et des chaises en PVC à bas coûts. Autant de standards, ceux des classes moyennes et populaires, que l’artiste convertit en supports à affects mélancoliques. Autre stratégie développée par Thibaud : diffuser des textes sous forme d’auto-éditions et de lecture performées où les institutions de l’art contemporain sont réfractées au prisme de sa subjectivité. » Sarah Ihler-Meyer, commissaire d’exposition J’essaie dans ma pratique de la peinture de fixer des souvenirs, les miens, ou alors des réminiscences plus ou moins inventées. Je fais cela en peignant des espaces domestiques, les torchons deviennent des fantômes, les motifs du quotidien; des récifs auxquels se raccrocher. Si je me reconnais dans ces espaces mémoriels alors je ne suis pas le seul, l’histoire est partagée. Raconter le personnel éloigne les individualités. Je choisis des motifs pour ce qu’ils ont de personnels, je les partage pour ce qu’ils ont de commun. Donner à voir sa mélancolie est pour moi un acte matérialiste car elle est nécessairement située dans le récit de condition de vie. La peinture est aussi un espace de plaisir, celui de peindre des espaces décoratifs, celui de vouloir faire plaisir en partageant autour du vécu de ces endroits. Parfois je veux rentrer chez moi. Chez moi n’est pas un endroit. Chez moi c’est toujours en mouvement, c’est ma façon rêvée d’habiter la sphère, peuplée de ces futurs perdus qui ne veulent pas mourir. Chez moi c’est la difficulté d’inventer une utopie. Ce n’est pas une maison, c’est une chaise en plastique blanche. Peut être que j’ai envie de cette chaise car elle est un refus, un contre-sens-giratoire-acquis-social. Un repos au soleil improductif.