SCIBETTA Hugo

« Les pièces d’Hugo Scibetta cachent le mystère de leur apparition. Qu’est- ce qui a précédé à la genèse de ces formes ? L’artiste offre au regard un art de la présence, qui existe au monde sans commentaire de sa part. Tout au plus les titres laissent échapper quelques indices. Ces œuvres sont énigmatiques de par leur mutisme qui résonne dans l’apparente banalité des référents : objets ordinaires, plastiques, voire standardisés, design qui s’efface dans l’usage quotidien et l’utilité. Les matériaux et les techniques sont pauvres. Les gestes relèvent du bricolage, en tant que cela signifie naviguer entre la nécessité et la nonchalance. Cette esthétique du non-remarquable, du sous-évalué est l’écriture d’une voix personnelle qui se situe d’où elle provient. Hugo Scibetta est né dans la France rurale, y a encore des liens, et de cet ancrage provient en partie la singularité de son expression dans le paysage de l’art contemporain. C’est le lieu dont il part. La ruralité n’est pas ici une thématique mais un mode opératoire : c’est se situer dans une périphérie inconfortable. En effet, de par son mode de production artisanal et isolé, de par sa dimension domestique et sa production parcimonieuse, la pratique d’Hugo Scibetta se situe constamment en périphérie des circuits d’affirmation et de pouvoir inhérents au monde de l’art contemporain : pas de production en série, pas de matériau onéreux, pas de technique virtuose… En se situant constamment dans la périphérie, c’est-à-dire en convoquant ce mode d’activation que l’on nommera ruralité, Hugo Scibetta travaille le décalage de la fonction instrumentale. L’utilité n’est plus pensée comme un rapport, mais comme un geste désinvolte et les formes même des pièces, des peintures en devenir objets, naissent de ce rapport paradoxal au monde »

Florent Delval