FORSTER David

… nous ne pouvons jamais comprendre la nature des choses de l’extérieur. Malgré toutes nos recherches, nous n’obtenons que des images et des noms. 

Schopenhauer, Le monde comme volonté et représentation. 

Je crois que dans chaque paysage jamais peint, il y a aussi une représentation d’un état d’esprit culturel ou individuel. Toutes les peintures de paysage sont des symboles. 

Les paysages urbains que nous construisons pour nous-mêmes, la façon dont nous les ordonnons à nos besoins, les vues que nous commandons. Tout cela résonne avec une autre signification. 

Ainsi, dans les parcs de la ville, de minuscules fac-similés de grands paysages sont plantés dans la pierre et la brousse. Pistes cyclables et sentiers pédestres se faufilent à travers les bouleaux et les sapins. Un ruban de forêt verdoyante imaginé. Dans les aires de jeux pour enfants, les contours en bois de chevaux peints galopent à travers des terrains de chasse fantastiques, et des navires en kit pointent des proues non navigables vers l’océan. 

Au-delà des limites de la ville, des sentiers balisés évoquent la marche de tous ceux qui sont passés avant, offrant des vues sur d’autres temps. Au bord du chemin, plaques et balises sont des stations de ces histoires, les enregistrant en hiéroglyphe et en texte. 

Partout se trouvent un autre « ici » et un autre « maintenant ». 

Il y a de nombreuses années, j’ai retiré les gens de mes peintures. Vidés d’acteurs internes, ces paysages dépeuplés ont permis au symbolique de prendre le dessus. Au fil du temps, j’en suis venu à croire que l’expression la plus pure de notre relation narrative avec la terre se manifestait à travers notre utilisation de celle-ci pour les loisirs. Dans les moments de jeu, nous sommes plus proches de l’histoire. 

J’ai donc commencé à me concentrer sur l’intrusion de ces détournements dans le paysage. Les chemins, les aires de jeux et les terrains de sport. L’ensemble astucieusement aménagé et consciemment pittoresque contre le supposé sauvage. Cela a constitué la base de mon travail depuis une décennie. 

Il y a du mystère dans le banal.