MOIROUD Jacques

JACQUES MOIROUD

Demander à un artiste quelle est sa démarche artistique, c’est courir le risque d’une réponse approximative, précipitée, voire mensongère. Il n’y a pas de plan, pas de départ ni d’arrivée. 

La démarche, s’il faut employer ce mot, est incertaine, hésitante. Les pierres roulent sous le pied, l’air vient parfois à manquer, et si l’on ne sait pas où l’on va, on espère avancer. D’autres l’ont exprimé mieux que moi : le voyage est la destination.

En disant cela, je sais que je ne contente personne. Le contrat tacite est que l’artiste produit de l’art et qu’ensuite il explique le pourquoi du comment, le cadre et l’étiquette. Et il vaudrait mieux qu’il ait de « bonnes raisons ».

Or, je ne sais pas pourquoi. Je n’en ai pas la moindre idée. Je fais ce que j’ai à faire, peut-être en espérant être mon propre maître, du mieux possible. C’est le rare privilège de l’artiste.

Alors je dessine, comme on écrit. Ce que je vois, comme on décrit. Action directe, regard frontal. La plume court sur le papier. La ligne parle, si elle le veut.

Et puis je grave. Ca prend du temps. On admire ma patience. C’est tout le contraire : Les heures qui s’écoulent alors sont une eau sans remous, un océan sans vagues, jusqu’à l’angoisse du prochain port où il faudra jeter l’encre.  Et chercher un nouvel embarquement.